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La Roche à l'Appel à Muno




Connaître votre passé pour comprendre le présent


Le site de la Roche à l'Appel est discret. Il faut le chercher pour le trouver. Et pourtant il est un témoin d'un épisode important de l'évolution de la Terre.

Environ 500 millions d'années sont résumées ici.

Les roches les plus anciennes qui affleurent à Muno se sont accumulées, sous forme de sédiments, dans une mer tropicale peu profonde il y a 570 millions d'années, environ. Les dépôts se sont progressivement durant la centaine de millions d'années suivante en schistes, phyllades (ou ardoises) et en grès (ou quartzites).

Vers 410 millions d'années, une mer venue du Sud, rabote progressivement les les chaînes de montagnes. Au pied de ces montagnes, s'accumulent quasi à l'horizontal des dizaines de mètres d'épaisseur de galets roulés par les torrents, les rivières et sur les plages de la mer.


Il y a donc formation de poudingue qui est une roche cohérente formée de galets cimentés naturellement. Il y aura, par la suite, l'effondrement du fond marin vers le Sud qui va permettre l'accumulation de quelques milliers de mètres d'épaisseur de sédiments dans ce qui deviendra la région de Muno.

Voici 300 millions d'années, un nouveau plissement important affecte encore cette région. Le sol et le sous-sol sont donc plissés une seconde fois. Il en résulte ce que les géologues appellent un Discordance angulaire. Le poudingue se retrouve à recouvrir la surface d'érosion. Il y a inclinaison vers le Sud de cette surface.


Vers 200 millions d'années, après érosion de la chaîne Hercynienne, la mer Jurassique crée une nouvelle Discordance et commence à recouvrir la région de couches alternées d'argile, de marnes et de calcaires dont l'érosion marque le paysage si caractéristique de la Gaume.

Le site de Muno constitue un des témoins majeurs de 6 événements géologiques qui ont marqué les 600 derniers millions d'années de l'évolution de notre planète.

C'est dans un écrin de verdure, au bord d'une petite vallée, que se niche ce joyau de la Géologie.


Elle se situe aussi au sein de la Réserve Naturelle de Muno.

Cette balade vous contera l'histoire de la formation des roches sur 400 millions d'années et la faune et la flore ne seront pas en reste dans ce vallon caché.

Vous serez également étonnés d'apprendre que ce lieu et les environs a été le témoin d'un passé industriel lié à la sidérurgie. En effet, dès le 17ème siècle alors que Muno est placé sous la tutelle de l'Évêché de Liège, le village s'enrichit du travail du fer. Comme dans beaucoup d'endroits en Gaume, le sol est riche fer pédologique qui présente l'avantage d'être exploité à ciel ouvert.

Le 20 octobre 1608, un haut-fourneau est allumé au Sud du village. Il fond le minerai local associé à celui de Sapogne (France). Une forge, située 500 mètres en aval, complète peu après le site industriel.

À cette époque, un site métallurgique est choisi s'il dispose à la fois de matières premières et d'énergies.

Muno est un site favorable : le charbon de bois est cuit dans la forêt ardennaise toute proche, le ruisseau du Tremble peut animer une roue à aubes, le minerai affleure ou presque. Pour des raisons de facilité, l'activité industrielle de Muno est tournée vers la France car d'accès plus aisé. En 1848, après bien des déboires dus, notamment à la Révolution française, l'usine se transforme en petit laminoir, tréfilerie et fabrique de clous

. A l'aube du 20ème siècle, l'élan de l'ère industrielle entraine la construction d'une ligne de chemin de fer internationale reliant Bertrix à Carignan qui fut très coûteuse en argent et en vies humaines et qui ne servit guère, l'industrie sidérurgique et métallurgique se concentrant assez rapidement le long de la Meuse et la Sambre en utilisant du minerai provenant du sous-sol ainsi que du charbon minéral.


Toponymie étonnante pour ce chaos rocheux qu'est la Roche à l'Appel.

Cette graphie éveille un tableau pastoral où le herdier, la trompe aux lèvres, corne à l'aplomb du rocher, dans l'ombre du couchant, le rassemblement du troupeau communal.


Scène idyllique, que la prosaïque et beaucoup plus probable pelle ou pèle du charbonnier, remplissant son couffin n'aurait pu suggérer en ces temps de tourisme naissant de l'après première guerre mondiale




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