La Semois (Semoy pour les Français) prend sa source à l'Est, à Arlon (altitude : 413 m) et parcours 210 km avant de se jeter dans la Meuse à Monthermé, en France (altitude : 140m). A Bohan, dernier village belge avant la frontière, elle n'est plus qu'à 168 m d'altitude. A vol d’oiseau la distance entre Arlon et Monthermé n’est que d’environ 80 km !!
Pour comprendre son parcours, ses nombreux méandres, les paysages ouverts ou encaissés qu'elle traverse, un peu de géologie est indispensable.
La Semois traverse deux régions très différentes: d'Arlon à Chassepierre, elle a tracé son lit sur un sol marno-calcaire, d'âge secondaire, la Lorraine. Dès son entrée en Ardenne, elle s'enfonce dans le socle ardennais, fait de grès et de schistes de l’ère Primaire.
Comment a-t-elle tracé ce parcours aux multiples et amples méandres?
Elle a probablement commencé à créer son parcours durant la sous-période Paléocène, à l’ère tertiaire, entre 65 et 23 millions d'années (Ma).
A ce moment, elle se développait sur une plaine maritime récemment asséchée, constituée de sables et d’argiles de l’ère tertiaire reposant probablement sur des craies du Crétacé, et certainement sur des sables, des marnes et des calcaires sédimentés dès la période Jurassique ( entre 290 et 145 Ma).
A ce moment, l'Ardenne avait déjà subi 2 phases tectoniques majeures, d'abord par le plissement Calédonien, il y a plus de 400 Ma, puis par le plissement Hercynien, il y a environ 300 Ma.
Le socle ardennais actuel, qui a pu atteindre une altitude de plus de 3.000 m, a donc été érodé, pénéplané au cours du Permien puis du Trias. Au Jurassique, cette pénéplaine a été recouverte, en discordance sur le primaire, par les sables des marnes et des calcaires déposés par la transgression marine du Secondaire, qui a progressé vers le Nord Est, d'abord, puis vers le Nord ensuite, avant la grande régression du Crétacé inférieur, suivie par la transgression du Crétacé supérieur, venue à la fois du Bassin de Paris à l'Ouest et du Bassin de la Mer du Nord au Nord.
C'est sur cette vaste plaine maritime du début du Tertiaire que la Semois a commencé son évolution, s'orientant de l'Est vers l'Ouest, pour suivre un littoral en régression vers l'Ouest. Sur ce relief subhorizontal, constitué de roches meubles et très récentes, la Semois a eu tout le loisir de développer des méandres libres.
Il y a 28 Ma, une phase du plissement Alpin a soulevé le socle Ardennais. C'est ainsi que toujours sous la poussée du plissement Alpin, le sous-sol de la Lorraine s'est soulevé, donnant, après érosion, les cuestas qui ceinturent le Bassin de Paris.
Elles sont formées de roches dures, généralement calcaires, à pendage faible vers le Sud et dont le relief est caractéristique: une pente faible suivant le pendage et une pente forte du côté opposé au pendage.
En Ardenne, par l'érosion des couches Jurassiques, la Semois entre en contact avec les couches dures du Dévonien, déposées entre 408 et 360 Ma. Elle conserve ses méandres d'origine et s'enfonce dans la roche dure, d'où les vallées profondes et encaissées.
Elle creuse petit à petit son lit en profondeur et c'est la désagrégation des roches latérales qui élargit les vallées, en érodant les parois verticales.
En Ardenne, la Semois est donc une rivière surimposée sur le socle Dévonien.
En Gaume, le point de vue de Chassepierre montre clairement la 1ère cuesta et son pendage caractéristique, la large plaine alluviale, sur les roches marno-calcareuses du Jurassique inférieur, et dans le fond du paysage, les hauteurs de l’Ardenne Dévonienne, avec leur couvert forestier.
Sources : D.Tellier – Guide-Nature CNB : « Les Paysages de la Semois » (année:??)
Sculpture et photo: J.-P. Couvert, "Esprit de Semois" (2007).
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